Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Face à ma vie
Face à ma vie
Publicité
Face à ma vie
Albums Photos
Archives
7 novembre 2007

portrait de moi

On devait écrire le portrait d'un proche. M. a fait le mien, il m'a beaucoup touchée, je te remercie meudame de me connaître plus que ce que je croyais...

    Anne-Lise se démarque de la foule dense des étudiants de l’université Jean Moulin. Le matin , elle évolue dans une masse pressée et compacte pourvue des mêmes sacs Longchamp, des mêmes sacoches de cuir : brushing, brillant à lèvre, pantalon slim et regards supérieurs, tous identiques dans leurs éphémères uniformes, ils ne voient pas passer Anne-Lise.

 

    Elle pourrait arriver de nulle part cette jeune fille, rien ne trahit ce qu’elle est. Étrange mais pas bizarre elle sait se fondre dans la foule en étant ailleurs, perdue. Anne-Lise possède un détachement feint par beaucoup mais d’un naturel désarmant chez elle.

 

    Calme et mystérieuse, elle affronte l’air glacé du petit matin dans son chaud blouson noir. Elle marche comme résignée, d’un pas lent et mesuré, sans se presser elle avance. De loin, on voit une silhouette aux épais cheveux courts décoiffés par le vent, tête baissée, écouteurs visés dans les oreilles, androgyne. De loin seulement.

 

    Si l’on s’approche, on peut voir un doux visage à la peau de lait rehaussée de pommettes hautes et rosé par le froid, une bouche au sourire moqueur et de grand yeux frangés de cils immenses. Ces yeux qui tranchent immédiatement avec son visage poupin. Des yeux d’un vert inqualifiable qui reflètent toute la complexité d’une âme en clair-obscur. Ses yeux captivent, étonnent et séduisent. Son beau regard aux nuances changeantes reflète les maux qui l’obsèdent et les joies qui la traversent, s’imprime dans la mémoire comme un souvenir qui nous hante.

 

    Tout est dualité chez la jeune fille aux yeux kaléidoscope. De ses origines, un humour extraverti et bruyant fait surface, à base de blagues potaches et de détournement en tout genre. On peut être surpris, alors, par l’étrange pudeur qui l’envahit quand, au cours d’une conversation, on parlera avec légèreté d’amour. De sa vie d’étudiante, elle semble subir une routine qui la fatigue et l’ennuie tandis qu’a l’occasion d’une visite dans sa petite ville, on voit Anne-Lise enjouée et dynamique comme jamais. La raison en est la visite hebdomadaire à ses compagnons d’infortune : Son cheval « Joueur » acheté à un centre équestre peut regardant au bien-être des montures qui le laissait dépérir sur le parking du club et « Rita » la chienne de la maison familiale récupérée dans un refuge, abandonnée. Anne-Lise leur parle avec enthousiasme comme à des enfants, les câline et les réprimande comme une petite fille. Son cheval se plie à ses caprices, docile ? Loin de là. En vérité Anne-Lise a la capacité de tisser un lien unique avec l’animal, un lien fort et affectif sans jamais perdre pour autant le contrôle de la situation. Une accalmie dans son univers parfois un peu trop sombre.

 

    Son univers musical est à la fois son exutoire et le moteur de sa vie. Évoluant dans son monde de Rock , soirées enfumées et alcoolisées comme passage obligé. Sa bande, son groupe de musicien avec qui elle passe des moments privilégiés, fermés aux néophytes. Elle ne s’imagine pas travailler dans un autre milieu, mais paraît parfois résignée à ne jamais pouvoir atteindre son rêve le plus cher. Anne-Lise, prisonnière d’une mélancolie latente écrit les illusions perdues, les rêves brisés et les drames quotidiens qu’elle chante comme une plainte douloureuse. Sa voix est à son image : d’une sensualité pudique, grave et douce, féminité à part, adolescente et comme marqué par le poids de la vie.

 

    Trop résignée, elle pourrait se perdre dans ses angoisses. Cela n’arrivera pas, sans doute parce-qu’Anne-Lise grandit, et surtout parce-qu’aujourd’hui elle affiche un regard serein qui trahit un sentiment bien plus fort que tous ses maux.

 

    Peu de gens prennent le temps d’observer, de comprendre,de connaître. L’ambivalence d’Anne-Lise, tant sur le fond que sur la forme, tend à prouver à quiconque que ce temps de l’observation et de la compréhension de l’autre est salvateur. Car à trop se préoccuper de l’image que l’on donne de soi, on oublie que l’on est qu’à travers les yeux qui nous regardent et que, parfois, ces yeux sont habités par une personnalité si riche que l’on en parvient à s’oublier un peu, en prenant le temps.

Publicité
Commentaires
Publicité