Les boulots à la con

Je vous interdis de me juger. Alors ouai j'avais jamais bossé la dedans, je savais pas ce que c'était le travail en usine. J'entends déjà R. me dire " ah ben tu vois ce que j'ai vécu pendant 2 mois? et encore moi j'étais dans un frigo!!" Sans doute, sans doute que c'était plus dure mais putain y'a pas a dire j'ai morflé.. Le réveil déja mardi a 6h, il fait noir et jsui seule debout dans la maison et ca ca me rappelle méchamment ces jours de cours ou j'allais prendre le bus de 7h, ca me déprime. Puis arrive ce boulot... putain. En soi c'est pas très dur: un tapis roulant dépose des milliers de poires sous mes yeux et je dois trier: les pourries, les biens, celles qui iront a la distille et celle qui devront etre lavées.. Non vous ne vous rendez pas compte. Ce que c'est de rester 9h debout a coté de ce putain de tapis roulant, le seul changement est d'aller vider les caisses dans les bacs, ces caisses qui me boussillent le dos, les bras, mes mains saignent des le premier jour. Aller charger des plateaux en catastrophe pendant que le tapis croulent parce que je n'ai pas le rythme, arranger mes plateaux sur des palettes trop hautes pour moi, ne rien renverser, avoir ce con qui me crie dessus que mes bacs sont pas assez remplis. Pardon de pas me faire mal au dos.
Mais le pire c'est le temps.... ce putain de temps qui ne passe pas. Je compte le premier jour, j'attaque a 7h30, je fais 50 plateaux et me dit qu'il doit etre 10h déja. 8h12.......................... Ca me bousille c'est horrible finalement, je laisse mon portable dans la voiture pour ne plus etre confrontée à ça...
Parfois c'est la cueillette. C'est plus sympa, parce qu'on peut rigoler un peu et discuter. Avec C. on reparle un peu de la mairie de machin au collège de nos conneries... puis revient le con qui nous dit de la fermer et de faire gaffe a pas poquer les pommes... Alors on lui jette des trucs dessus et on se marre comme des tordues.
Je pourrais mettre tout ce temps a profit pour réfléchir. Mais le taylorisme est bien fait et abrutit tellement la tete que je ne parviens pas a penser et a faire du bon boulot en meme temps. je chantonne un peu mais je n'arrive meme pas a me concentrer sur les paroles. Je m'arrache les bras et le dos dans les pommiers. Trempée par la pluie, il fait trop froid mais après toutes les remarques que jme suis prise par mon frère, je dirais que non c'était pas si dure. Pas fachée que ca se finisse demain. marre d'être jugée par ceux qui sont la depuis juillet.

Je prends la voiture pour la première fois toute seule today. Je pensais pas que ca me ferait autant de bien. J'ai le Cd de zazie dans la voiture, le son a fond " je suis un homme". Je fais pas trop la maline en allant voir jojo, je souris toute seule en matant mon portefeuille sur le siege ou personne 'nest assis. Je repars faire un tour chercher des affaires qui trainent et je pousse un peu le moteur et connement je repense au Roms " prend pas trop confiance Toto!" lol... Je suis trop bien la fenetre grande ouvert, je me vois déja sur l'autoroute remonter avec E et Bito dans la voiture vers la belgique. je me vois repartir en ardèche, je me vois partir tout court. Finalement je m'arrete sur un petit coin paumé et reste assise dans la voiture. " J'étais là". Et je comprend que ca me procurera autant de plaisir quand je serais de bonne humeur de conduire a pleine balle, mais jme dis aussi que jme ferais sacrement mal le jour ou je tenterai le diable ou bien que j'en aurais plus rien a foutre de tout ça. Alors je rentre doucement, je ne voudrais pas gacher cette journée, j'emmene C. au boulot demain.

J'attend la rentrée? je n'en sais rien, j'ai envie de reprendre un rythme plus cousu, plus régulier, me poser un peu peut etre... je verrais bien.

Tu me manques...